L’intelligence collective est un produit de l’art d’être productif en groupe.
Comme le dit Esther Matte, « à une époque où tout change à un rythme toujours plus
rapide, où il est difficile de relier la stratégie à l’action, de différencier l’intérêt global de
l’intérêt local, où nombre d’organisations évoluent dans une atmosphère de crise perpétuelle, les communications sont souvent à la fois nombreuses et peu efficaces ». Le Cadre
de concertation du PNN ainsi que les consultations qui s’en sont suivies ont constitué une
puissante machine pour briser les silos et travailler efficacement.
En donnant du temps (quatre mois) pour discuter dans un climat de créativité et de responsabilisation, les experts et les panélistes sont parvenus à mettre à contribution les forces
de tous pour amener des résultats probants. Cela a permis d’ouvrir une communication de
qualité, grâce à laquelle chacun a pu se dépasser et avoir du plaisir à le faire.
Il est évident que chacun a un bagage qui lui est propre. Chacun chemine dans la vie en tirant des leçons de ses expériences, fait des choix suivant ce qui l’intéresse et s’investit dans ce
qui l’anime. Nous cumulons des expériences professionnelles, communautaires et familiales,
des connaissances techniques ou autres acquises à l’école et ailleurs. Des points de vue sont
peaufinés au fil des lectures et du quotidien. Toutes les parties prenantes ont manifesté ce
désir ardent de contribuer à quelque chose de plus grand que nous-mêmes, de faire profiter
chacun des connaissances des autres, de partager des expériences et, simplement,
d’apprendre des uns et des autres.
Il s’agit là d’une richesse inestimable et trop souvent méconnue. Mise à profit, cette intelligence collective a pourtant permis d’éviter des écueils, d’innover, d’optimiser l’utilisation
des ressources, d’augmenter l’efficacité qui a manqué à de telles ambitions nationales depuis des années. Le Cadre National de concertation et les consultations tous azimuts, ayant
culminé à l’Atelier de validation du Plan National du Numérique, ont permis de dévoiler une
synergie de pensée opérative et de l’attiser.
Briser les réticences sectorielles, soient-elles formelles ou informelles, a été la trame des efforts
conceptuels et collaboratifs à l’épreuve de la transversalité du Numérique, de sa convergence et de sa globalité. Par exemple, il y a eu les souverainistes, les ultralibéraux, les puristes-légalistes, les pro-disruptions, les stratèges, les tacticiens, ceux qui ne visaient que leurs
intérêts propres, sans avoir pu vaincre la force altruiste de l’engagement collectif. Combien
de fois certains ne se sont-ils pas dit que si seulement leur avis avait été demandé, ils auraient pu aider à éviter une erreur ? D’autres se sont-ils désabusés de la suffisance de dire
avoir déjà entendu cela depuis des années ? Et combien de fois une conversation informelle nous a-t-elle fait réaliser soudainement que nous étions si près de l’arbre que nous ne
voyions plus la forêt? Le « Servant Leadership » a été l’option dominante.
Le Président de la République a exprimé sa volonté de conjurer le sort funeste de manquer
le coche du développement du Numérique en RDC. Face à la situation complexe, entre
le passé et l’avenir, les congolais de l’intérieur et de la diaspora ont répondu à l’urgence
ainsi qu’à l’appel patriotique de bâtir la Souveraineté numérique de notre État - Nation.
Le fatalisme a été démenti par l’émergence d’un nouveau paradigme de production à
l’unisson là où des congolais mis ensemble passeraient leur temps à polémiquer autour des
plus grands communs diviseurs plutôt que de privilégier le plus petit commun multiple de
leurs idées.
Selon l’objectif fixé par le Chef de l’État, le Cabinet du Conseiller spécial en charge du
Numérique s’est organisé à produire le Draft Zéro du Plan National du Numérique.
L’oeuvre étant pionnière et avant-gardiste devrait tracer une nouvelle ornière par laquelle
de nombreuses générations passeront. Il a donc fallu remettre en primeur ce premier produit de réflexion à son Initiateur en vue d’obtenir son regard et son impulsion nécessaires
pour la suite du processus. L’ampleur de la tâche a été à la dimension du Congo : tous les
secteurs de la vie nationale visés ont été représentés, et même les partenaires externes.

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